D'après ce que je peux étudier (je suis en master 1 de psychologie sociale), en fait, actuellement on serait plutôt dans le paradigme de "
la pensée sociale" où l'on perçoit l'homme comme un être social, bien sûr mais en intégrant toutes les facettes qui sont impliquées comme faisant entièrement partie de structures d'organisations dotées de logiques propres.
Je fais un comparatif pour expliquer:
Avant on percevait plutôt l'homme comme un penseur doté d'une "
rationalité limitée" et les biais et erreurs de raisonnement étaient vus comme des erreurs à connaitre et à corriger. Maintenant on considère plus ces biais comme des témoins d'un fonctionnement avec une logique sous-jacente.
Exemple:
Le stéréotype universel qui consiste à percevoir les membres de l'endogroupe (groupe auquel on appartient) plus positivement que les membres de l'exogroupe (le.s groupe. auxquels on n'appartient pas). Il provoque des discriminations et a des effets secondaires que l'on peut estimer négatifs, mais d'un autre point de vue on peut aussi le voir sans juger et juste en essayant de comprendre la logique sous-jacente du point de vue de l'espèce: favoriser à tout prix son groupe pour la survie.
Alors il y a, à mon avis, aussi à distinguer: la connaissance des mécanismes en jeux et les actions qu'on va pouvoir mettre en place pour agir. Ce sont deux choses différentes.
Exemple: La parité.
Je discutais il y a quelques mois avec un homme d'une cinquantaine d'année, blanc, CSP+, cisgenre et sûrement hétéro et il m'expliquait qu'il n'était pas d'accord avec l'obligation de parité, qu'il fallait donner les mêmes chances (et que les femmes les avaient) et laisser faire. Quand j'étais ado ou jeune adulte et qu'on a commencé à parler de parité j'étais d'accord avec ça... et j'ai étudié des biais du fonctionnement de l'esprit humain. Et même si on ne veut pas appeler ça des biais ou des erreurs, force est de constater (et quasiment toutes les études le montrent) que les humains préfèrent ce qui leur est semblable (sauf chez les groupes dominés) et vont favoriser certains groupes. Donc dans la réalité, à compétences égales, les femmes, les non-blancs, les personnes âgées ou handicapées, en surpoids, homosexuels ou trans' etc. vont avoir beaucoup moins de chances d'être embauchées (entre autres) et cela se fait essentiellement de manière inconsciente. Alors soit on laisse faire et on laisse la portion dominante affirmer sa dominance et l'exacerber, soit on intervient, on fixe des quota, on teste etc. Personnellement je soutiens l'intervention pour augmenter l'égalité réelle et diminuer et lutter contre les discriminations.
Alors pourquoi ai-je précisé autant de caractéristiques de mon interlocuteur? Tout simplement parce que les personnes avantagées par le système ne le savent pas, et ne se représentent généralement pas ce que ça fait de faire partie d'une minorité (j'inclue les femmes dans les minorités, car même si elles ne sont pas minoritaires, elles ont un statut social moindre, dominé par rapport aux hommes); de plus plus on grimpe dans la hiérarchie sociale, plus les personnes prennent des caractéristiques groupales pour des caractéristiques personnelles: plus ils s'attribuent leur réussite grâce à des caractéristiques personnelles (leur talent, goûts, comportements...) et non pas à des caractéristiques groupales (ethnie, CSP+ de leurs parents, sexe, genre, orientation sexuelle...).
Derrière beaucoup de biais, on va trouver les mécanismes de catégorisation. Ici, vu qu'on parle d'humain, c'est de la catégorisation sociale, portant sur des objets sociaux (des humains donc). Mais il faut voir que la vie serait impossible sans catégorisation: par exemple avant de manger une banane je ne me rappelle pas toutes les caractéristiques de la banane pour savoir qu'elle est comestible, je le sais directement parce que c'est un aliment (appartient à la catégorie aliment) ou en passant par la catégorie fruit qui est un aliment... et qui ont comme caractéristique d'être comestibles. On gagne un temps inestimable en catégorisant. La catégorisation sert à simplifier et organiser le monde, et c'est bien pratique. Mais effectivement parfois il y a des inconvénients. A chacun de voir ce qu'il souhaite faire derrière, s'il souhaite agir (ou non).
Par exemple je regrette que les ABC de l'égalité aient été abandonnés, à mon sens, en tant que féministe, je pense qu'il est important de déconstruire consciemment des injonctions sociétales (et aussi qu'il faut agir à ce niveau là) pour redonner une plus grande liberté de choix et permettre aux petits garçons d'être sensibles et créatifs et aux filles de construire et de se projeter dans des métiers de prestige ou intellectuels.
Mais je connais aussi des personnes qui pensent que les hommes et les femmes doivent être complémentaires et se sentent en accord avec les éducations genrées: fille = féminine, soin aux autres et de l'apparence, garçon = plus bagarreur, plus matheux etc. Les réactions très violentes au post de cet homme qui a dit que son fils voulait une poupée, on bien montré que c'est quelque chose qui ne fait pas consensus dans la population.
Je veux dire par là est-ce que le social n'interdirait pas sans le vouloir à certaines personnes d'être pleinement elle même ?
A ça je répondrai, que l'homme est un être profondément social. On ne se construit pas tout seul, on ne se construit qu'en interaction. Le social influence les individus et les individus influencent le social.