Si c'était vrai (l'est-ce?), on pourrait déjouer la fatalité d'un libre arbitre nimbé de l'influence de l'inconscient, l'inconscient collectif, en procédant au hasard. On peut prendre une décision à l'aide d'un tir de choix dans un chapeau ou même opter entre deux directions lors d'une promenade. Pourquoi? Parce que l'inconscient aura beau avoir pré-déterminé qu'il allait prendre à gauche, à droite, lors d'une marche de santé, on ne choisit (peut-être) pas les rencontres sur cette rue, ce boulevard, ce chemin de vie. Et autrui sait être une bombe à retardement de sens, de surprises, de propos et d'actions, si ça se trouve. Si l'inconscient est un simulateur de calcul super puissant, contrôle-t-il entièrement sa façon d'interpréter la réalité en fonction des propos, de la présence et des croyances de son interlocuteur? L'hypno et son sujet peuvent-ils s'influencer? Créer du sens et donc du réel, à deux? J'approche la chose sous forme de questions, d'une part parce que je n'ai pas de certitude en la matière, pour vous faire réfléchir avec ouverture itou, et finalement parce que la réalité est du sens qu'on projette sur tout un tas de choses et que cela est possiblement très relatif, contextuel. Pouvez-vous influencer l'expérience de l'autre par l'hypnose? J'ai bien l'impression que oui, de la même manière que certains professeurs, enseignants, chargés de cours m'ont profondément touché par leur enseignement. Alors, votre relation au réel, à autrui et la vie en elle-même saura certainement faire mousser, vibrer, chanter votre relation à votre propre écosystème. Dans ces quelques idées, y avait-il quelque chose de bénéfique pour donner du sens à votre expérience de la relation d'aide, la communication, la nature des croyances? Aussi, vous parlez de notre fonction d'hypno et si on n'a pas peur d'être réducteur, on pourrait dire que nous sommes entre autres des leviers de changement organiques. Dans le pire des cas, si nous n'avons pas de libre arbitre conscient (mais plutôt un libre arbitre inconscient), cela ne nous empêche pas d'être toutes sortes de choses, dont des miroirs, une source de motivation, des investigateurs de la relation au réel du client, des pièces de casse-tête donnant naissance, lorsque couplées, à une perspective autre, etc. Et si, gamins, on peut s'émouvoir d'un spectacle de marionnettes, et de l'art invisible du manieur derrière, peut-être que juste le fait de percevoir en autrui une volonté de vivre, une expression contextuelle qui existe malgré les contraintes, le format, le style, la forme, etc., peut nous émouvoir, nous pousser vers une direction qui a valeur, profondeur, sens pour nous. C'est déjà bien, non?