Abandon et rejet sont des sentiments qui peuvent paraître proches et pourtant trouvent leurs racines dans des contextes tout à fait différents. Dans les deux cas, le sentiment laisse un grand vide en soi et une souffrance parfois inconsolable.
Le vide en soi, c’est cette impression de ne compter pour personne, ou de n’avoir plus personne pour qui être précieux, ou de ne pas avoir sa place (ou de place) au beau milieu de personnes bien mieux que soi et qui occupent toute l’attention, déjà.
Le vide en soi, c’est le néant laissé, avec la rupture, le départ et le détachement pour toujours, ressentis par celui qui les subit ou celui qui les provoque.
L’enfant qui s’est imaginé n’être pas suffisamment aimé et d’avoir cette impression de ne compter pour personne, rencontre un mal de chien à se défaire de cette idée, une fois devenu grand.
L’adulte laissé sur le bord de la route pense que le ciel lui tombe sur la tête, alors qu’en creusant bien, c’est uniquement la suite de l’histoire qui se joue et se renforce.
On se soucie peu de celui qui abandonne par choix, par nécessité ou forcé, alors que le tracé de son histoire est marqué par un point, suivi de pointillés.
Qu’on abandonne ou qu’on le soit, refouler la vérité de son histoire, ou ne pouvoir en avouer que la partie recevable par soi et le regard des autres, permet de construire un sens, alors même que pour y voir plus clair et comprendre et se reconstruire, l’abandonné part sur le chemin de sa vérité avec frayeur mais courage
Extrait du livre combler ce vide en nous de
Geneviève Krebs.