Je me fais parfois des réflexions qui peuvent en partie rejoindre les vôtres. Parfois je suis choquée par l'attitude de certains: violence verbale, manque d'empathie, dénigrement, insultes, pas de politesse, égoïsme, agressivité etc. et là je me sens parfois subitement comme déconnectée de l'humanité, comme si j'étais sur le côté de la route et que je voyais un train filer devant moi sans comprendre ce que c'est et sans vouloir le rejoindre, et je le regarde hypnotisée (comme les vaches parait-il) avec tristesse et dégoût de voir cette masse si violente, si laide, être si imposante.
Et puis subitement, je me rends compte que ce que j'appelle "mon zoom", "mon focus", "ma lampe magique", "ma loupe " est mal placée, que je suis entrain de regarder le laid alors que je peux voir le beau. Alors je déplace ma loupe, je détourne le regard et là je vois des gens bons, des gentils profondément gentils, des gens polis, des gens aimables et j'admire la beauté de ce que je vois. Je respire et je me sens connectée à eux.
Une autre manière de dire est que le monde est gris avec des tâches blanches et des tâches noires. Parfois on voit un noir profond, si sombre, si empli de ténèbres, et on oublie qu'on peut choisir d'aller vers la lumière, de voir le beau, le bon. Et c'est là, probablement, le plus grand pouvoir que nous puissions avoir, c'est là qu'on peut se recadrer et choisir ce que l'on veut regarder.
En parallèle je me suis fait une autre réflexion, elle est déjà revenue plusieurs fois dans mes pensées. Il m'arrive de me dire que l'être humain est horrible, pourri, et qu'on ne progresse pas, que notre société est immonde, après avoir été confrontée à quelque chose de récent et d'horrible (massacres, viols collectifs, tortures...) et là je me demande si c'était vraiment mieux avant et je me dis que sûrement pas. On déballe ces atrocités maintenant mais on a conscience que c'est mal, que c'est horrible. Et là je me dis que s'il y a encore tellement de choses atroces, j'ai l'impression qu'on se rend de plus en plus compte de ce que l'on fait à tellement de niveaux différents, et que même si on semble progresser tellement lentement, indéniablement on progresse (et ce même en acceptant quelques petites régressions passagères).
Au cours des siècles, des millénaires l'esclavagisme, les viols, le sexisme etc sont sûrement devenus moins fréquents. Il y encore beaucoup à faire dans le monde et dans nos sociétés occidentales, et des choses nouvelles m’énervent (les publicités) et me semble souvent immorales (certaines formes de finances par exemple) mais des gens se battent pacifiquement pour les autres (associations de consommateurs, scientifiques qui dénoncent les études financées par les lobbys, journalistes qui mettent au jour des scandales...).
Je comprends (je crois comprendre) cette sensation de perte de sens, de société vide, d'impression de marchandising de l'être humain, mais je pense qu'il s'agit d'abord d'un problème de focus que d'une réelle régression de la société.
Les choses progressent: le mariage s'ouvre au homosexuel, on commence à parler en France d'interdire les châtiments corporels pour les enfants, on parle des discriminations sexuelles et de couleur de peau, on veut changer certains porteurs d'un sens trop lourd (changer "race" dans les codes, les lois, par contre je ne sais pas ce qu'ils vont mettre à la place "couleur de peau"?)... Toutes ces choses sont à mon avis des détails d'une plus grande, plus longue, plus belle évolution, vers plus de paix, de douceur, d'acceptation, d'harmonie...
Enfin j'espère. Et puis si je me trompe alors tant pis au moins aurai-je cru voir ce beau spectacle.
Pour finir je voulais également aborder le problème des répercussions de l'attitude de focus: Des gens font un truc X qu'on estime pas bien, il y a plusieurs manières de réagir:
Souvent j'ai vu des gens disputer, corriger, vois carrément engueler et insulter les X et la réponse était à peu près invariablement la même: braquage des X qui envoyent bouler, au mieux l'attitude ne bouge pas, au pire ça s'aggrave.
Parfois certains ne font rien: résultat: généralement rien ne change.
Et enfin la méthode que j'utilise: j'explique ce que X fait à X, ou je dis à X que si jamais il décidait de faire autrement (description d'un gagnant-gagnant ou d'un gagnant-neutre à la place d'un gagnant-perdant ou perdant-perdant) il se passerait sûrement/peut être ceci ou cela. Résultat: parfois rien ne change, parfois les choses s'améliorent d'un peu à beaucoup.