Prudence à dit:
Pour une personne ou une société?
Complétement à part du bien et du mal, du bon et du mauvais il y a le ça fait du bien et le ça fait souffrir.
Pour soi-même, déjà. En partant du principe que je peux "planter" une idée dans mon inconscient pour qu'elle s'y diffuse, je suis bien en peine de savoir vers quoi il faut aller.
Admettons que je sois vendeur, par exemple. Il y a de fortes chances pour que j'estime que je serai plus heureux si je suis plus efficace, mieux payé et mieux reconnu par les pairs. Je lis des trucs et tout, tout un ensemble de croyances viennent soutenir une nouvelle pratique plus en adéquation avec mes objectifs.
Ça marche très bien, mais je comprends vite que je vais devoir être malhonnête, car je n'ai pas assez de talent et mes produits sont trop pourris pour être honnête et bien vendre à la fois. Bref j'ai un dilemme éthique devant moi.
Là j'ai plusieurs choix : je peux me persuader que tout le monde fait ça, que ni le client ni le vendeur ne sont dupes. Je peux me dire que la vie c'est la jungle, et au royaumes des aveugles les borgnes sont roi. Bref je peux faire plein de choses, travailler sur toutes sortes de recadrages selon quantité de croyances : ce qui déterminera mon choix, c'est le but.
Imaginons que j'opte pour la jungle : je deviens un véritable pirate, mon speech est prêt et j'ai la réplique facile et cinglante. Je tiens mes clients sous pression et je leur mets presque la main à la poche sauf que c'est leur propre main.
Je deviens number one des vendeurs de la boîte. Je me sens super frais, les gens m'admirent un temps. Puis ils comprennent mes techniques, et dans mon dos je surprends quelques remarques un peu désobligeantes. Un soir un collègue me dit ouvertement que je suis devenu un connard.
Je rentre chez moi, je réfléchis. Faut-il redéfinir mes objectifs ? Non, j'ai déjà trop investi, trop d'efforts et puis redéfinir mes objectifs... Derrière c'est le vide. Non, plutôt je vais travailler sur l'image de mes collègues. D'un côté je les imagine admiratifs, et de l'autre je mets quelques jaloux. Voilà, l'égo est sauf et je poursuis la route selon l'objectif, l'image que je me suis mis en tête.
Et, comme la théorie détermine l'expérience, évidemment je m'aperçois qu'une partie de mes collègues est admirative, et de l'autre je ne trouve que petitesse et jalousie.
Autrement dit...
l'auto-suggestion n'est possible que dans une perspective d'action, à l'intérieur du cadre de mes objectifs et des contraintes sur leur chemin. Mais qu'en est-il de l'irésoluble question du sens de l'existence ? Qu'en est-il des questions éthiques ? Comment l'auto-suggestion peut-elle nous aider sur ces points qui ne creusent non pas vers dehors mais vers soi-même ?
Pourtant si déjà en moi se diffuse la croyance que je peux croire et réaliser comme il est possible d'imaginer, c'est clairement ces points que je viser, à terme. Ils seront au moins affectés.
Je sais que je peux modeler mon préconscient voire mon inconscient, ou du moins que je peux interagir avec lui. J'ai deux choix : soit je lui imprime la discipline que dictent mes buts, soit j'apprends son langage, je pars à sa découverte et je cherche l'harmonie.
Fais-tu de l'équitation ? C'est exactement pareil.
D'un côté t'as l'équitation européenne classique. Dans celle-ci, on tire le cheval vers l'homme. Il s'agit d'être dur, castrateur, et de lentement modeler le cheval en le contraignant de toutes parts. Ça donne des chevaux de dressage extraordinaires, avec une majesté incroyable, à couper le souffle. Les chevaux se tiennent droit, si on observe leurs jambes on croirait presque deux danseuses qui se suivent. La gueule vers le sol, la tête droite, le dos comprimé à l'extrême.
De l'autre côté il y a l'ethologie qui nous vient d'Amérique et originellement des indiens. Les indiens ont beaucoup observé les chevaux, lentement ils ont appris leur langage. Ici, c'est l'homme qui entre dans la sphère du cheval, qui apprend ses codes et s'y fait sa place en tant que "cheval". Ça donne des chevaux authentiques, une relation authentique et plus harmonieuse, des chevaux calmes, sereins, avec lesquels il devient très facile de travailler, mais pas au delà des limites que le cheval imposera. Toi même tu te rapproches du cheval, le but final, la raison d'etre de l'attitude ethologique étant de te sensibiliser à son mode de communication pour écouter ce qu'il a à te dire.
Bon, la métaphore doit être assez claire je pense.
Reste qu'en tant que cavalier, tu fais un choix. Ces deux possibilités s'ouvrent l'une et l'autre, et tu oscillera toujours entre elles. Ces deux modes de relation au cheval s'excluent l'un l'autre sur certains points où tu dois concrétiser ta tendance de fond, qui sur ces points ne peut pas rester obscure.
(Je m'excuse pour la longueur du message mais j'essaie d'être clair, et puis écrire est agréable)
Je suis un cavalier de 40 ans, qui n'a plus monté depuis 5 ans. J'habite aujourd'hui en région parisienne et ma situation est assez stable pour acquérir une toute jeune jument. Seulement j'habite paris même, les seules écuries pas trop loin sont toutes petites, presque dans la ville, et je sais que mon cheval sera dans un box 4 jours sur 7 parce que je ne pourrais pas aller la voir tous les jours. Que faire ? Je ne peux pas ignorer qu'un cheval souffre de passer des heures dans un box, mais j'ai terriblement envie de pouvoir monter ma jument.
Ici la tendance de fond prend forme. Quand j'aurai fait ce choix, j'aurai posé la partition sur laquelle le reste se déroulera.
Mais si nous revenons à nos moutons, ces exemples en tête:
J'ai plusieurs attitudes face à moi-même s'excluant sur certains points comme plus haut. Si vraiment je veux éviter toute souffrance, alors je vais inexorablement m'orienter vers une philosophie de type bouddhiste, ascétique quoi qu'il en soit, dont la forme précise dépendra de ce que j'aurai sur mon chemin. Puisque je peux la concevoir, pourquoi ne pas croire que la jouissance totale et pure existe, qu'il suffit pour l'atteindre de me débarrasser de tous désirs et plaisirs futiles que la vie balaie à ma porte et qui causent mille et une souffrance, et ainsi atteindre un nirvana qui se réalisera si j'y crois assez bien et fort ?
Concrètement, si la théorie détermine l'existence, j'ai tout intérêt à faire ça, non ?
Le danger c'est que les contradictions essentielles (je crois ) à l'être humain ne soient étouffées par sa puissance à croire et à se donner des objectifs
Et c'est ce qu'il se passe actuellement de manière massive dans le secteur des services en france, où le management fort d'outils systémiques au service du profit
manipule quotidiennement des millions d'individus en leur faisant croire qu'ils peuvent croire. Nous passons à la phase deux, et je vais même l'aborder par un autre message pour marquer le coup