Bonjour Laurenzo !
Je me suis contenté de reprendre la conversation 2011, afin de vous proposer quelques idées en partant de l’actualité de votre problème. Au fil des interventions et des lignes j’ai noté une série de vos réponses pour lesquelles je peux peut-être apporter des éclaircissements. Excusez-moi d’être un peu long…
« Dans ces moments, je suis comme replié sur moi, enfermé dans mes symptômes tout comme je me sens enfermé dans la situation. Par exemple si je suis au restaurant ou en réunion, je peux difficilement partir en plein milieu donc cette absence de liberté me fait focaliser sur ces maudits symptômes et ça les amplifie. Si je peux m'enfuir, les symptômes diminuent aussi vite qu'ils sont arrivés. C'est une mauvaise stratégie puisque ça épuise au bout d'un moment tout comme le fait de rester à vivre ces symptômes épuise. »
« C'est un sentiment d'impuissance, d'infériorité, ça me donne l'impression d'être bizarre, anormal, mon corps m'échappe et plus il m'échappe plus cela m'angoisse ».
Au début, j’avoue avoir été étonné de l’approche de votre psy : elle vous apprend à vous associer ? Et puis, je me suis dit : c’est logique, s’il vit constamment en dissociation : en d’autres termes : si en permanence vous vivez sur le registre du contrôle, il est normal que votre inconscient un jour ou l’autre vous dise : « tu ne comprends rien à ce qui se passe. Arrête ce que tu fais ! » et que cela se manifeste par des symptômes. En fait, vous avez en permanence des symptômes et au restaurant ou en réunion, vous savez au moins ce qu’il faut faire pour aller mieux : fuir ! Mais vous ne pouvez pas. D’où le conflit : que faire… Contrôler ces symptômes que je n’arrive pas à contrôler ? Je ne peux pas partir, alors, que faire ? Angoisse : et ça va de plus en plus mal parce que plus vous angoissez, plus vous vous épuisez… et plus vous vous épuisez, plus vous vous angoissez.
« On peut se lever 1 fois, pas 5 fois à chaque réunion ou passer la moitié du repas dehors. Quand mon esprit est occupé et libre (ou p-e en fuite), alors les symptômes sont moins présents. »
Vous êtes dans un paradoxe : dès lors que l’on tente de contrôler ce qu’il ne faudrait pas contrôler, on obtient un paradoxe qui ne fait que renforcer ce que l’on tente d’éviter. La solution ? Se calmer, pour commencer. Se souvenir que vous êtes réellement libre et que vous pouvez quitter vos convives pour n’importe quel prétexte, mais aussi que, fort probablement ça ne sera pas nécessaire de partir. Détendez-vous, respirez. Faites-vous confiance. Demandez à votre inconscient : que veux-tu ? Plus exactement : demandez-vous à vous-même : de quoi ai-je besoin réellement et qu’est-ce qui pourrait vraiment me faire plaisir en cet instant ? Vous n’aurez peut-être pas de vraie réponse, mais le but étant de se calmer, vous finirez peut-être par trouver un « ils m’ennuient avec cette réunion, j’ai envie de leur dire ! » Ou encore : « J’ai besoin de parler un peu, de bouger, de boire un café… un petit rien qui me donnera l’impression de penser un peu plus à moi ». N’essayez pas d’aller mieux… essayez d’avoir envie d’aller mieux (c’est très différent et cette dernière formulation contourne le paradoxe). Finalement, détendez-vous et essayez de penser à autre chose…
« de ma vie où j'étais le plus heureux étaient celles où je me sentais fort, j'avais alors une vraie sérénité ».
Globalement, vous êtes épuisé ! Cela peut expliquer tous les symptômes que vous avez. Vous êtes fatigué, dites-vous ; mais combien d’heure dormez-vous la nuit ? Je l’ai déjà dis, toute thérapie devrait commencer par cette question surtout si la plainte concerne la fatigue. Maintenant, si à un moment de votre vie vous vous sentiez particulièrement fort, je vous encourage aussi à vous méfier de cet idéal qui n’en est pas un. L’épuisement entraîne fréquemment une sorte de trouble bipolaire : ça va très bien, puis très mal. On stress, puis on déprime. Et l’équilibre n’est pas le remède à tous ces mots… contrairement à ce qu’on en dit souvent… Il s’agit de devenir plus flexible… de se reposer, de s’économiser, de doser le stress, d’augmenter le repos et de chercher ce qui vous fait réellement du bien et seulement à la fin du compte vous obtiendrez cet équilibre souple dont vous avez besoin. La marche ? Très bon exemple de ce qui vous aidera… Et le bien-être psy ? Qu’aimeriez vous ? Pour vous ? Qu’est-ce qui vous ferait plaisir, ici et maintenant ? Demain ou dans dix ans ?
« Ma progression c'est de désormais réussir à m'associer à mes émotions, je les exprime plus. Avant par exemple je pouvais pleurer mais en voyant un film où une situation m'émouvait. C'était ce que les autres vivaient qui m'émouvait, pas quelque chose qui me concernait directement. »
L’excès de contrôle vous empêche d’être à votre écoute. Il faut réapprendre à s’associer pour s’écouter (et avoir de l’information). A se dissocier pour souffrir moins (et analyser l’information). Mais, comme vous vous dissociez de trop, la solution (se dissocier) est devenu le problème. J’ai envie de dire, comme tout à l’heure : apprenez à vous dissocier utilement et à vous associer pour sentir la vie, notamment le plaisir qui vous manque tant
« J'ai également progressé dans le fait de dire quand ça ne va pas. J'exprime ma colère par exemple, je le dis quand quelque chose ne me plait pas. »
C’est bien. Cela vous permet de vous rééquilibrer de vous écouter vous-même un peu plus. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’exprimer sa colère est la seule solution….
« J'ai globalement bc plus pensé aux autres qu'à moi-même »
Apprenez à penser à vous, et ensuite seulement aux autres. On ne peut, de toute manière, vraiment donner aux autre que lorsqu’on en a assez pour soi.
« Ce qui provoque les symptômes c'est le fait d'être enfermé dans cette situation, je vais alors focaliser sur l'apparition des symptômes puis sur leur renforcement. Je suis alors comme coupé du monde et enfermé dans les symptômes »
Vivez que diable (même si c’est un peu facile à dire comme ça) ! Un obsessionnel guérit disait un jour : parfois ça m’arrive encore d’avoir envie de me laver les mains plusieurs fois de suite. Eh bien aujourd’hui, je me barre et je fais autre chose.
« Ces temps-ci je suis vraiment fatigué, épuisé, comme si mon corps était à bout.
- Si je reste chez moi à dormir, c'est assez peu satisfaisant comme vie, même déprimant.
- Si je sors, très rapidement je suis confronté à ma fatigue, à des symptômes, bref je me sens pas trop à ma place non plus. »
C’est tout le problème de la fatigue ! Cherchez ce qui vous fait du bien. Sortez utilement et progressivement de plus en plus. Le problème, c’est que vous avez besoin d’activité, mais que vous êtes trop épuisé pour en avoir…