La résistance en psychanalyse c'est de la faute du patient. A mon avis ça permet au psy de se dédouaner du fait que le travail thérapeutique n'avance pas. Un bon gros "c'est pas moi c'est lui". Mais je ne suis absolument pas objective, j'aime pas l'approche psychanalytique (même si tout n'est peut être pas entièrement à jeter). En psychanalyse, d'après ce que j'ai lu, c'est ce que tu décris Singin.
La résistance en thérapie brève c'est l'indicateur qu'il faut essayer autrement, changer de méthode, de technique, de discours, de... on va plutôt penser que ça n'existe pas (comme le disait Moune) ou que la notion n'est pas pertinente en tant que telle, en tout cas ce n'est pas à voir comme un mur absolu à défoncer, c'est juste qu'il faut trouver un autre chemin et que c'est au thérapeute de se bouger, pas forcément au client/patient directement/tout seul.
Par exemple dans la distinction touriste - plaignant - client on va avoir des outils pour faire bouger les gens (et si ça bouge pas on peut dire qu'on pense que de continuer les séances ne sert à rien, et d'ailleurs ça peut être un outil du changement). J'explique rapidement: touriste - plaignant - client:
touriste: c'est mes parents, c'est mon mari/ma femme qui m'envoie, moi j'ai pas de problème, c'est eux qui en ont un, j'ai rien à faire là.
plaignant: je souffre parce que mon mari boit, il a un problème, elle me bat, ils sont méchants avec moi, vous comprenez je suis malade, je souffre.
client: J'ai un problème je veux le résoudre.
Je pense que la résistance est quelque chose de normal (l'inconnu ça fait souvent peur), de plus ou moins fréquent, pas automatique, mais que soit c'est pas la bonne technique, le bon moment, le bon accompagnateur, la bonne piste etc.
En fait là je pense à l'accompagnement arrêt tabac pour illustrer la résistance telle que je la conçois: faut pas prendre les fumeurs pour des cons, ils ne le sont pas (enfin pas plus que les autres), ils savent très bien que c'est de l'argent foutu en l'air, que c'est mauvais pour la santé et pourtant ils sont nombreux à ne pas arriver à arrêter... pas plus cons, pas plus faibles (enfin c'est comme ça que je le pense) alors pourquoi ça marche pas? Bah justement je pense que la question se pose et que la réponse va pouvoir permettre d'aider à changer le comportement. On n'arrête pas quand on est gagnant. On peut arrêter quand on est encore plus gagnant. Trouve un ou plusieurs trucs qui répondront aussi bien, ou mieux à l'intention positive et c'est gagné. C'est un peu une méthode gagnant-gagnant entre le conscient et l'inconscient. Si la cigarette permet de s'isoler au travail, à la maison, d'aller prendre l'air, ça pour l'inconscient c'est des trucs positifs et vitaux du point de vue de l'équilibre mental, pas question de les supprimer, c'est des pauses, des respirations, mais on peut les transformer: sortir prendre l'air sans fumer, s'enfermer au WC pour être seul et tranquille, aller boire un café ou une boisson ailleurs, aller marcher... et même améliorer ce que proposait l'inconscient, se rendre compte qu'on va encore plus pouvoir profiter d'aller prendre l'air, que la pause déjeuner se conclura par autre chose et qu'on aura plus savouré son repas avec des papilles toutes propres (les mouettes goudronnées n'ont pas l'air d'apprécier mine de rien)...
Enfin bref; pour moi ça existe mais ce n'est pas (seulement) du fait du client/patient, chaque personne a son univers, va avancer à son rythme, à sa manière.
Ça m'est déjà arrivé avec une personne de lui dire que j'avais l'impression que ça ne servait à rien, qu'on avançait pas (avec plus de gants), que peut être ce n'était pas le moment: on s'est vues trois fois, au bout de 3 séances je lui ai dit ça elle m'a dit qu'elle pensait pareil, on a arrêté, elle est revenue au bout de 6 mois, rebelotte (3 séances) mais avec un léger mieux, et au bout d'un an, je la revois, il y a encore du mieux, elle progresse en fait sur la voie du plaignant vers le client mais à son rythme et chez elle ça semble impliquer des longues pauses sans qu'on se voit, je viens seulement de comprendre qu'elle a besoin de maturer comme ça. Je préfère qu'elle fasse ses pauses sans me voir plutôt que de gaspiller de son argent (quand je vois des psychanalystes qui gardent leurs patients 10 ans, 20 ans, en les voyant toutes les semaines, honnêtement, y'a rien à faire, je comprends pas, je veux bien que chacun avance à son rythme mais là ils ne semblent pas se poser de questions, et je ne comprends pas).
Je pense en fait qu'en thérapie brève c'est pas vraiment que ça n'existe pas c'est qu'on va pas le percevoir comme ça, on va juste soit chercher l'intention positive, le bénéfice secondaire, on va plus parler d'écologie du patient, on va changer de méthode, laisser passer du temps... le thérapeute va être actif dans la résolution du problème parce qu'on peut considérer qu'il n'y est pas étranger (ex: changer de méthode, ou poser les bonnes questions, aider l'autre à chercher ses solutions d'une autre manière...). En fait en utilisant des mots différents, des concepts différents en thérapie brève, le mot psychanalytique perd complétement son sens, du coup autant dire qu'il n'y a pas de résistance (concept) en thérapie brève.
Enfin, je pense.
Je pense aussi que la supervision est très intéressante dans ces cas-là. C'est d'ailleurs généralement les "dossiers" que j'amène à ma superviseuse. Bon, ça bloque, comment retourner le problème? Y'en a plus dans deux têtes que dans une.