Leo Lavoie à dit:
Jamais je n'ai pensé qu'on pouvait suggérer au patient sa propre vision des choses.
Lorsque le T livre une de ses interprétations au P, c'est pourtant clairement ce qu'il réalise !
Ah oui mais il faut faire gaffe à cette façon de faire. Comme je dis, on le fait "hors transe" bien sûr mais il y a des façons particulière de le faire et un bon psychanalyste ne livre pas d'interprétation directement comme ça sans un but sous jacent qui n'est ni de suggérer la chose telle quelle ni d'informer le patient de "son analyse" . "L'analyse du psychanalyste n'est pas une analyse que l'on fait et livre au patient comme ça. C'est une analyse que l'on fait pour faire en sorte que le patient se dévoile et prenne conscience de lui même d'un tas de trucs. Le but est de guider le patient très indirectement dans les prises de consciences. Il faut faire bien attention au terme "analyse" de psychanalyse.
Il peut m'arriver
en entretien de proposer une réinterprétation de la situation que décrit le sujet. Par ex. : : il me dit que sa mère lui demande de ne pas partir en vacances parce que le père est souffrant, et que s'il s'en va 15 jours le père ne suivra plus son taux de sucre et fera un nouveau coma diabétique. Je lui demande s'il ressent ou non que cela peut être une tentative de manipulation de sa mère, qui instrumentalise la maladie du père pour pouvoir donner des ordres à son fils adulte et le contraindre à l'obéissance ?
C'est bien un de mes modèles du monde que je projette dans l'univers du P en faisant cela.
Eh bien, jamais en HE ; je tiens mes suggestions comme un cadre, comme des propositions de plusieurs orientations permettant au P de choisir, beaucoup plus éloignées d'un niveau d'interprétation que je laisserais interférer avec son monde.
Je vois bien et vos propos me font m'intéresser à l'hypnose Éricksonnienne. Mais j'ai une aversion à ces façons indirectes par trop évidentes pour induire.
Leo Lavoie à dit:
(...) Je ne comprends pas. "Focalisation sur un point de vue dominant" c'est une nouveauté
Pour citer les mots d'Erickson : "entrer dans le cadre de référence du patient" est une formule qu'il a employée.
Eh bien le T a pour travail de créer une relation (qui réalise la véritable induction) dans laquelle le P pourra examiner les suggestions du T, sous un éclairage étroit.
Voici un des exemples les plus simples que je puisse trouver : soit un patient déjà en transe légère, si le T lui dit : "et je me demande si c'est dans deux minutes que vos paupières vont devenir si lourdes qu'elles se fermeront seules, ou bien si c'est dans une minute que vous remarquerez que vos paupières clignent de plus en plus avant de se fermer doucement, mais peut-être est-ce dès maintenant que vous remarquez cela, et vous avez peut-être déjà compris que vos paupières désirent se fermer spontanément sans même attendre que..." eh bien, le P s'il est correctement placé dans ce cadre de référence, la seule chose qu'il va examiner avec intérêt dans ses pensées, c'est de savoir QUAND ses paupières vont se fermer - car nous savons qu'en transe il y a réduction des champs perceptifs. Hors de transe le P se dirait très simplement : "moi j'ai pas envie de fermer les yeux, je veux voir ce qu'il fait, ce sera ni une minute ni deux si ça se trouve dans 1 heure mes yeux seront tjrs ouverts ! "
Voilà ce que j'appelle la focalisatiion sur un point de vue.
C'est loin d'être nouveau n'est-ce pas.
Ah, là je saisis, mais on parle d'induction là. Il est connu que la focalisation contribue ou cause la transe. Mais ce que vous disiez c'était que la transe EST une focalisation sur un point de vue dominant. Il m'a semblé qu'une fois qu'on est entré dans la transe, on a moins besoin de ce point de vue dominant qu'on a utilisé pour y entrer. Et là le travail se fait hors de cette focalisation. Je me trompe?
Plus simple encore : "ne pensez pas à un éléphant rose" réussit très simplement à orienter le cadre de référence ainsi : "je cherche s'il y a ou non un éléphant rose dans mes pensées en ce moment", quelque soit le choix fait, accepter ou refuser le pachyderme, accepter ou modifier sa couleur, on s'est focalisé là-dessus...