Très bienvenue sur le site sisterjulie. Une question qu'est-ce qu'une/qu'un "thérapeute alchimique" ? Pour ce qui est de l'hypnoBirthing, je souhaiterais en apprendr edavantage. Et pour cause, s'il est vrai que cette méthode permet une naissance paisible du bébé (jusqu'àlors martyrisé) alors... c'est une véritable Révolution qui est en cours.
Pour celles ou ceux qui en doutent encore et qui aiment lire, je leur mets à disposition ce texte militant que j'ai écrit il y a quelques temps déjà.
A toi que j’ai désiré,
SCENE UNIQUE
(La sage-femme, le père, la mère, la voix, l’anesthésiste, le prêtre, Julie - la survenante -, le médecin)
Une chambre d’accouchement. Triste chambre, froide, grisâtre, légèrement colorée par de ridicules posters apposés par des adultes névrosés. Dans la pièce-mitard, quelques individus respirant la misère de vivre.
LA SAGE-FEMME, agacée, à la future mère
- Poussez… Respirez… Poussez plus fort…(Elle fait un signe de mécontentement de la tête.) Allons, un effort !
LE PERE, observateur passif inutile et gênant, à sa femme
- Courage, bientôt le bout du tunnel ! (Crieries.) Sois forte. (Prenant la main de sa femme.) Supporte. (Hurlements.) D’ici peu, la fin du calvaire. (Gémissements.) Chér… (Sans conviction.) Mon amour.
LA MERE, s’époumonant
- J’ai mal… Je souffre… (Fixant son mari droit dans les yeux.) Jamais plus ! Jamais plus tu ne me baiseras ! (Jurons divers.)
LA VOIX
- Face à la détresse indomptable, les pensées sont exprimées sans retenue.
LE PERE, gêné
- Ne dis pas de bêtises… Ca va aller.
LA MERE, hors d’elle, au personnel médical
- Un sédatif, pour l’amour de Dieu !
L’ANESTHESISTE, ennuyé
- Je vous ai déjà administré une dose importante. (Vagissements.) Il va falloir patienter. (Après plusieurs hésitations.) Désolé.
LA MERE
- Bourreau !
LE PERE, à l’anesthésiste consterné
- Tortionnaire !
LA VOIX
- Dealers ! Criminels !
L’ANESTHESISTE, comme s’il n’avait rien entendu, à la sage-femme
- Je sors me dégourdir les jambes.
La porte de la cellule claque.
LE PERE, héroïquement
- Quel incapable !
LA SAGE-FEMME
- S’il vous plaît, restez courtois. C’est un technicien compétent, un…
Vociférations.
Agrippée au lit, la mère se retient. La tête pousse avec force vers le thorax, les lèvres sont fortement serrées, la respiration est retenue dans une poitrine gonflée, le dos est arqué, le pelvis est contracté, les jambes sont raides.
Nouvelles vociférations.
Les traits sont hargneux. Les yeux sont éteints. Le visage est marqué par les spasmes incessants et douloureux.
Vociférations.
LA MERE, dans un cri
- Je vais mourir…
LA SAGE-FEMME, sur un ton ironique
- Mais non, mais non…
LA VOIX, à la mère
- Spectacle déplorable. Ton mal-aise chronique t’érode, pauvre fillasse ! Et dire que tu es la responsable de ton supplice. Cuirassée chronique, biologiquement meurtrie, tu es à l’évidence vulnérable. En acceptant comme tant d’autres de rompre tout contact avec ton noyau biologique, ton moi profond, tu t’es progressivement bannie de la Vie. Tu dégustes. Tu morfles. Rien d’étonnant à cela. Tu payes aujourd’hui les pots cassés. Pauvre de toi ! Chez la femme saine, les sensations de l’accouchement sont comparables à celles de l’étreinte génitale. Un plaisir assouvissant, conquérant. Tu ne peux le comprendre, le ressentir et le vivre, car tu es profondément malade. Traîne-misère…
LA MERE
- Oh, bon dieu !
LA VOIX
- Dieu est bon, tiens donc…
LE PRETRE, armé de sa croix, à l’assemblée
- « C’est dans la peine que tu enfanteras des fils » Tel est le prix à payer pour l’insouciance d’une révoltée. (Un temps. S’adressant à la mère.) Priez madame. Priez Dieu pour votre salut.
LE PERE, comme hypnotisé
- Dieu est notre sauveur. (Il se signe.)
LA MERE, défigurée par la douleur
- Seigneur, aie pitié… Pardonne mes péchés. Abrège mon agonie…
Braillements.
LE PRETRE, spectre sorti tout droit de l’enfer
- Seigneur tout-puissant, entends les supplications de ta dévouée et… (Meuglements. Un temps. D’un ton bas) exauce sa demande.
LA MERE, éreintée, brisée
- Dieu, je suis ton esclave. Je t’en conjure, délivre-moi du mal !
LA VOIX
- Pauvre idiote! Ton dieu est fantaisie culturelle. Inventé par des hommes résignés, désespérés, Il ne peut rien pour toi. Seules les lois naturelles du fonctionnement de la vie peuvent te soustraire à ta torture. Ecoute ton corps. Sois naturelle. Dieu est si superficiel, si cruel, si mortel; la nature si belle, si charnelle, si essentielle. Ouvre ton cœur, elle t’appelle.
LA MERE, s’égosillant
- Anesthésiste! Anesthésiste ! Mais où est donc passé cet abruti ?
LA SAGE-FEMME
- C’est bientôt fini…
LA MERE, excédée
- Cela fait des heures que j’entends la même chanson. Vous me faites chier !
LA SAGE-FEMME, après un énième toucher vaginal perturbateur
- Calmez-vous, je vous en prie. Vous n’êtes plus une enfant. (Professionnellement.) Allez, poussez… respirez… Poussez…
LE PERE, timidement à sa femme
- Vas-y chérie, souffle et pousse… Oui, c’est cela…
LA SAGE-FEMME
- Oui, poussez encore… Voilà la tête. Poussez encore… Poussez toujours.
Après des heures vécues comme interminables et cauchemardesques, l’enfant naît. (Pleurs stridents du survenant.)
LA VOIX
- Bienvenue parmi nous. (Sans grande certitude.) Tous mes vœux de bonheur.
LA SAGE-FEMME, fière comme un soldat au front
- C’est une fille !
LE PERE, hébété, s’approchant timidement de la chose
- Julie !
LA SAGE-FEMME
- Monsieur, souhaitez-vous couper le cordon ? (Il fait signe que non.) Comme vous voulez.
La sage-femme coupe froidement le cordon ombilical, s’empare dans l’instant du nouveau-né et s’en va nettoyer sa peau gluante.
LA VOIX
- Pourquoi tant d’empressement ? Pourquoi couper précipitamment le cordon ombilical ? Pourquoi séparer le nouveau-né de sa mère aussi brusquement ? Pourquoi le débarrasser hâtivement de sa « vernix caseosa » de protection ? Pourquoi tant de persécutions ? Au nom de la Sainte Science ? Foutaise ! Empêcher le contact initial et vital d’une mère et de son enfant est un crime contre l’humanité. Il aurait été plus judicieux de se fier à la Nature plutôt qu’à la Raison.
Cris de détresse de Julie.
LA MERE, dans un état second
- Que se passe t-il ? Il y a un problème ?
LA SAGE-FEMME, indifférente
- Rien de grave. (Un silence.) Ce sont les gouttes ophtalmiques.
LA VOIX
- Geste médical absurde. Agression irrationnelle. Expérience traumatisante.
LA SAGE-FEMME, arrivant à peine à couvrir les pleurs de Julie
- Elle s’en remettra.
LA VOIX, sur un ton ironique
- On se remet bien d’une amputation…
LA SAGE-FEMME, tendant Julie à la mère
- Voilà un bébé tout neuf ! (S’adressant à Julie d’une voix monotone.) Mademoiselle Julie, voilà votre maman.
LA VOIX
- Que de temps de gâché !
LE PRETRE
- Alléluia !
Julie fortement marquée physiquement par le combat qu’elle vient de mener, n’a plus la force d’ouvrir ses yeux.
LA MERE, la mine déconfite, serrant très fort dans ses bras sa fille.
- Tu es le plus beau bébé du monde. (Se tournant vers son mari.) Hein, mon amour !
LE PERE, en bon faux-cul
- Elle te ressemble. (S’approchant de l’oreille de sa femme.) Elle est magnifique.
LA VOIX
- J’ai vu plus harmonieux. Malheureuse enfant ! Pauvre Julie…Victime-martyre du cuirassement chronique.
LE PERE, sûr de lui, à sa femme
- Enfin un peu de piment à notre existence morne, insatisfaisante et pleine de blessures à peine cicatrisées.
LA MERE, bouleversée par la mauvaise poésie de son mari
- Mon amour ! (Elle embrasse névrotiquement sa progéniture et lui chuchote à l’oreille.) Tu viens de sauver notre couple, ma poupée.
LA VOIX
- Après avoir supporté tant bien que mal les conflits conjugaux in utero, voilà notre petite Julie promue psychothérapeute de ses parents. Un chat ou un chien aurait été d’un meilleur secours au couple déséquilibré.
La porte du cachot s’ouvre de nouveau. Entre un médecin, le visage souriant.
LE MEDECIN, inspecteur des travaux finis sur un ton froid
- Encore un accouchement qui s’est bien passé. Toutes mes félicitations aux parents !
Le père fait un hochement de tête en signe de remerciement.
LA MERE, amnésique bébête
- Merci docteur. (Sourire angélique du médecin.) Si vous saviez comme je suis heureuse d’avoir accouché dans votre clinique.
LA VOIX
- L’autorité médicale a parlé. L’autorité parentale a acquiescé. Ainsi soit-il. L’enfant est né et est en bonne santé, la mère est certes ébranlée mais vivante, et la cote de Dieu est au beau fixe. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant, l’enfant de l’avenir a vécu un drame indélébile. Je le sais, vous autres, non. Fils de vos ancêtres, vous venez à nouveau d’infliger une blessure profonde à votre futur.
LA MERE, à son mari
- C’est fini. Comme je suis heureuse ! (Un silence.) J’ai hâte de rentrer à la maison.
LA VOIX
- Après neuf mois de contrôles contraignants et humiliants, de conseils scientifiques absurdes tirés de théories abracadabrantes -pour le bien de la mère et de sa progéniture, cela va de soi-, la mère-prisonnière se voit retirer ses chaînes. Elle est libre, façon de dire. Accompagnée de son toutou de mari et de son adorable enfant-martyr, elle va tranquillement rentrer à son domicile, la tête pleine de recettes de mal-être. La sage-femme et le prêtre, quant à eux, vont aller commettre de nouvelles atrocités. Et le médecin, en bon parrain, va continuer à cautionner toute cette barbarie. Aucun n’aura tiré les leçons qui s’imposent de cette journée pourtant considérablement instructive. Inquiétant. Déroutant. Désespérant. Jusqu’à quand resteront-ils aveugles et sourds au meurtre de la Vie ?
Rideau
Le manque de contact est un cancer, qui plus est transmissible sexuellement. Un malheur-terreur sans pareil pour l’humanité tout entière. Toi que j’ai désiré, pardonne-moi.