Bonjour Métaphore,
Ce que vous dites semble complémentaire et nullement en contradiction avec ce que j’ai exposé : L’induction par hypnose conversationnelle prends du temps et est très bien adaptée aux personnes angoissées ou montrant une crainte ou une réticence à l’hypnose.
C’est probablement parce que je l’utilise principalement chez ces personnes que je la trouve difficile, ou plus exactement très pointue, et que je me heurte à des échecs qui sont loin d’être exceptionnels. Une fois la transe obtenue on ne peut plus parler d’hypnose conversationnelle
mais de stratégies thérapeutiques qui peuvent différer selon les écoles.
Voici une expérience personnelle d’hypnose conversationnelle réussie.
Avant tout je dois préciser que pour me sentir à l’aise et performant dans
l’induction j’ai besoin de pratiquer souvent et que je ne loupe jamais une occasion de le faire.
Les circonstances :
Une photographe me contacte par mail sur les conseils d’une relation commune pour obtenir mon aide dans un projet professionnel.
Quelques échanges de mail en 2 semaines, à la fois technique sur son projet et convivial, sur nos passions, loisirs, l’art… Et l’hypnose que j’évoque volontairement et à laquelle elle ne « croit » d’ailleurs pas.
Décision de se rencontrer dans un endroit neutre, un bar branché et confortable, l’après midi pour finaliser le projet.
L’induction :
Après notre discussion professionnelle j’oriente la discussion sur l’hypnose, je l’amène à être intéressée et tout en ne croyant pas à l’hypnose à ne pas être en totale opposition et ne demander qu’à se laisser convaincre.
Utilisation d’un «Yes set» du style : « Ce qui est étrange et formidable dans l’hypnose, c’est que la première fois, on ne sait pas exactement comment cela fonctionne, on commence à ressentir certaines sensation en soi qu’on laisse se développer de façon totalement intuitive… » Un yes set donc teinté d’un début de confusion : « on ne sait pas comment ça fonctionne, c’est intuitif… »
Comme elle est sensible à l’art j’utilise la pub « orange » que j’avais évoqué intentionnellement avant dans la discussion : « comme dans cette pub pour orange, ou le mot « claque » prend tout son sens quand on voit ces deux personnes complètement absorbées par un tableau… »
J’évoque ensuite son vécu : « Comme tu as toi-même déjà ressenti ces émotions profondes en toi, devant une photo qui t’as profondément absorbée… »
La suite de l’induction était purement Ericksonienne.
Comme vous le dites si bien Katia, cela peut sembler rapide mais nécessite une préparation, connaître les passions, la sensibilité, le vécu de la personne, et effectivement il faut être très réactif.
Si vous avez des exemples détaillés d’induction par hypnose conversationnelle je suis preneur, je recherche plus l’expérience personnelle pratique que la théorie sur ce forum,
cela donne souvent de nouvelles idées.
T.M.
Je suis d'accord pour dire que les échecs sont nombreux. Je travaille la nuit et la plupart des patients sont déments et/ou malentendants. Les échecs sont d'autant plus nombreux. Mais il m'est arrivée d'avoir quelques succès, dont ceux-ci :
Un patient dément, ancien agriculteur, très agité qui souffrait d'hallucination visuelle. Il voyait des enfants sortir d'une école avec juste une chemise sur le dos et exprimait une grande angoisse quant à leur avenir. Je lui ai dit qu'il avait raison de s'inquiéter pour eux mais que, peut-être il pouvait les aider, puisqu'il était agriculteur, il pouvait peut-être leur apporter de la nourriture. C'est vrai, on a besoin des agriculteurs pour nous nourrir, pour avoir du blé, du tournesol, du maïs, du fourrage pour les animaux. C'est important, le travail de la terre. Ici c'est de l'argile, c'est une terre riche, excellente pour les cultures, elle est belle, on a envie de la travailler, on a envie de la prendre dans ses mains, de la soupeser, de sentir l'odeur d'humus qu'elle dégage, ça fait plaisir une terre aussi riche. Avec cette terre, vous pourrez aider ces enfants en leur offrant à manger.
Il m'a fait un grand plaisir quant je lui ai parlé de la terre : il l'a prise dans ses mains l'a regardée, soupesée, portée à son nez pour la sentir et a acquiescé avec enthousiasme quand je lui ai dit que ça faisait plaisir d'avoir une terre aussi riche. Il a dit aux enfants de ne pas s'inquiéter, qu'il leur porterai la soupe et s'est recouché avec un grand sourire. Puis il s'est endormi et n'a plus été agité de la nuit.
Ou cet homme, qui n'arrivait pas à s'endormir, qui disait ne pas avoir le moral et être inquiet à cause de son hospitalisation et des futurs examens. Je suis à fond "rentrée dans son jeu" : vous êtes malade, les futurs examens vous inquiètent, vous avez mal au ventre, vous êtes hospitalisé et ça ne vous plaît pas... mais vous êtes avec nous, nous sommes là pour prendre soin de vous, vous êtes en sécurité à la clinique puisque nous sommes là pour vous et que vous pouvez compter sur nous.
L'expression de son visage est passée de la grimace à la surprise, il m'a regardée et m'a dit en souriant : "Eh bien, vous au moins, vous n'avez pas votre pareil pour remonter le moral".
Cet autre homme qui avait mal au niveau du pubis, qui n'arrivait pas à uriner et qui disait que moins il arrivait à uriner, plus il se crispait. Je lui ai dit que lorsqu'il ressentirait l'envie d'uriner, peut-être qu'il pourrait fermer les yeux et faire comme s'il entendait un robinet couler.
Le lendemain matin, son pistolet était plein et il m'a dit "Ça a super bien marché votre truc".
Quand je disais aux patients "Est-ce que vous avez froid ?", j'avais souvent une petite grimace puis un, "oui, peut-être"... Maintenant que je leur dis "Est-ce que vous avez suffisamment chaud ?", j'ai parfois un petit sourire et souvent un "oui, ça va".