castorix à dit:
Je m'étonne simplement que vous parliez si prudemment des connaissances sur les souvenirs et le sommeil, alors que l'imagerie fonctionnelle s'en est mêlée et que les confirmations des notions que je mentionnais, en sommeil REM et non-REM, sont disponibles.
Que l'imagerie fonctionnelle s'en soit mêlée, c'est certainement la meilleure des choses...
Mais cela peut aussi être la pire si on observe la tendance que nous avons trop facilement de vouloir adapter, généraliser une "découverte d'imagerie fonctionnelle" pour lui faire correspondre l'ensemble des éléments d'une fonction aussi vaste que, par exemple, la mémoire.
On procède alors à une démarche inverse de la démarche scientifique, voulant tout expliquer par le petit fragment de mécanisme que l'on vient d'identifier... Et qui sera souvent contredit, remis en question ou considéré comme accessoire quelques décennies plus tard.
Ceci explique ma prudence quant à l'interprétation des mécanismes mis en lumière dans les expérimentations.
castorix à dit:
Je vous propose une image : lorsque nous sortons de la phase où les rêves se manifestent, la conscience critique se reforme.
A ce moment se dérobent à notre conscient (comme aux yeux d'un observateur qui regarderait dans la soute du bateau, alors que l'écoutille se referme...) les éléments contenus dans ce rêve.
Ils se dérobent à la manière dont après qu'on peut les "tenir" dans notre pensée, ils s'échappent comme un nuage se dissipant dans l'azur sous l'effet du soleil.
SAUF si quelque chose d'émotionnant "marque" notre conscient, et se fixe alors comme mémorisé (un rêve érotique ou à l'inverse une trahison du conjoint, sont tous deux marquants) au ieu de disparaître.
Eh bien oui, c'est une image, et même une très belle image et une interprétation expliquant pourquoi on se souvient de certains rêves et pas d'autres.
J'en proposerais une autre:
Les rêves dont on se souvient le plus sont ceux qui concernent ce qui nous préoccupe en état d'éveil, ce à quoi nous n'avons pas encore apporté de solution satisfaisante.
Votre exemple de la trahison du conjoint l'illustre d'ailleurs très bien.
Les rêves ou cauchemars récurent seraient ainsi des tentatives de trouver une solution à ce qui nous préoccupe en état d'éveil.
Il est séduisant de penser que nous pour régler un problème, nous pouvons utiliser de façon synergique trois états de conscience, l'état d'éveil, l'état de sommeil, et l'état naturel hypnotique. Et que chaque état propose ses propres mécanismes pour collaborer à résoudre ce problème.
Et, puisque nous sommes sur un forum d'hypnose, profitons en pour rappeler cette merveilleuse notion hypothétique que nous possédons tous nos propres solutions à nos problèmes, et que l'état d'hypnose nous permet d'orienter, de mobiliser toutes nos ressources vers la recherche de notre solution personnelle.
Mais revenons au rôle du sommeil dans la mémoire.
Pourquoi tant de considération pour le sommeil paradoxal (sommeil REM me semble trop limitant) et si peu pour le sommeil profond? ( Le qualifier de non REM étant déjà le discriminer, comme si il lui manquait quelque chose.)
Je pense que c'est simplement parce que le sommeil paradoxal nous offre une magnifique porte d'entrée à son étude, quelque chose dont on peut se souvenir: Le rêve.
Le sommeil profond nous est bien plus hermétique et mystérieux.
Le sommeil joue probablement un rôle dans la mémorisation,
et dans l'assimilation, l'intégration de nouvelles données, de nouveaux apprentissages.
Et ces deux notions sont bien souvent confondues dans les expérimentation, ou du moins confondues dans l'interprétation des résultats.
Or dans ma tentative d'intégration et d'interprétation des résultats des diverses études portées à ma connaissance, il m'apparait que le sommeil est bien plus nécessaire à l'intégration qu'à la mémorisation pure.
D'ailleurs comme Castorix je citerai Stickgold mais plus quand il dit que si vous avez un travail de pure mémorisation à faire pour le lendemain, passer une nuit blanche à réviser ne sera pas un problème.
Par contre si les notions apprises comportent une part de réflexion à utiliser le lendemain, une bonne nuit de sommeil fera la différence.
Notion que Stickgold avait utilisée dans un célèbre différent avec Bill Gates qui disait que ses programmeurs pouvaient travailler de façon performante 72 heures sans dormir...
Stickgold rétorquant que le résultat n'était que Windows, un système d'exploitation truffé de bugs...
Leur mémoire était suffisamment performante pour programmer, mais leur capacité d'utiliser leurs acquis de la journée pour innover le lendemain ou résoudre les problèmes était altérée par l'absence de sommeil.
Enfin il existe une grande expérimentation minorant l'impact du sommeil REM sur la mémorisation pure:
La première génération d'antidépresseur supprimait la phase de sommeil REM, et n'empêchait toutefois pas toute mémorisation des millions de personnes traités par ces médicaments.
Bien sûr cette expérimentation à échelle mondiale est fort critiquable, et ses résultats sujets à caution, mais elle relativise quand même l'importance du sommeil REM par rapport au sommeil non REM.